40 ans : l’heure du bilan a sonné !

40 ans, l'heure du bilan !

PAR GIOM

Le 30 avril dernier, je fêtais mes 40 ans entourés des gens que j'aime (et espérons-le qui m'aiment aussi un peu !). Alors, oui, c'est facile comme prétexte mais je profite de ce passage de dizaine pour jeter un œil dans le rétroviseur et revenir sur les objectifs que je m'étais fixés lors de la création de l'atelier en 2018.

Du rêve à la réalité !

Le 1er octobre 2018, après plusieurs mois de formation à la céramique, une candidature à Motoco qui me semblait bien légère, beaucoup d’heures passées à la rédaction du projet d’installation et environ 228 versions différentes de business plan, je signais le bail de résidence à Motoco pour une durée de 3 ans, avec des envies et des projets plein la tête. C’était donc le début d’une nouvelle réalité !

Car je venais de recevoir les clefs de mon atelier, un grand et bel espace de 100m² alors que je cherchais un atelier de 50m² grand maximum, au second étage de Motoco. Une feuille blanche à remplir selon mes souhaits, en tâtonnant pas mal pour projeter l’aménagement des différents espaces de travail, tout en freinant l’excitation de commencer rapidement les travaux de recherche pour mes collections.

Et il y avait un peu de boulot pour transformer ce grand espace, l’aménager et le rendre fonctionnel pour mon activité : nettoyage, traitement et peinture du sol, ajout d’un peu de couleur, mise en place du matériel et du mobilier…

L'atelier brut avant les travaux d'aménagement

Des projets plein la tête !

A chaque fois qu’un projet se lance, on a toujours tout un tas d’envies, d’idées et de représentation de ce qu’on vise.

Pour moi, les objectifs étaient à la fois ambitieux et finalement assez pragmatiques pour cette nouvelle aventure qui débutait :

  • je voulais développer rapidement deux collections différentes, pour pouvoir faire connaître mon travail et commencer à être identifié ;
  • Mon objectif était de pouvoir être retenu pour avoir un chalet sur le Marché de Noël de Mulhouse ;
  • Je voulais travailler avec un réseau de boutiques de revendeurs pour éviter d’écumer tous les week-ends les marchés de potiers de France et de Navarre ;
  • L’arrivée à Motoco était également l’occasion de côtoyer de l’intérieur le monde artistique et de me nourrir de ces rencontres et de ces partages pour cheminer de mon côté sur ma pratique artistique, pourquoi pas toucher du doigt la création artistique ou travailler sur des collaborations avec des artistes ;
  • Et last but not least, arriver à vivre de cette activité en me sortant un salaire pas nécessairement élevé mais a minima régulier !
L'atelier en 2019 après quelques petits travaux d'aménagement !

Une première année dynamique et prometteuse !

L’hiver 2018 m’aura permis de m’installer et de commencer des recherches et des tests, avec le matériel qui arrivait au fur et à mesure. La livraison du four, en janvier 2019 avec presque 2 mois de retard, était un tournant attendu pour pouvoir commencer à faire des tests de cuisson et amorcer la production.

C’est à cette période que sont nées les deux collections que vous connaissez : la Collection Bronze avec ses effets métalliques et la Collection Port-Anna qui associe un grès brun de Dordogne à un émail beurré d’une couleur bleue ou verte selon les sensibilités. Et c’est également à cette période que j’ai commencé à poser les bases de ma démarche de création : me concentrer sur l’utilitaire avec des pièces usuelles et quotidiennes, mais également privilégier des terres de carrières et des émaux maison, et surtout aller au bout du bout pour chaque collection en choisissant une terre, un émail et un ensemble de formes. Un précédent article de blog revient d’ailleurs sur cette approche.

Collections Bronze et Port-Anna - © Alicia Photographe

C’est également en 2019 que j’ai travaillé sur l’ensemble des outils pour pouvoir exister autrement que dans la folie de ma tête et dans la solitude de mon atelier : des photographies, un logo, une identité, des cartes de visite, un site Internet…

Parce que, oui, c’est vrai, ce n’est pas le cœur de métier, mais sans ça, c’est quand même sacrément difficile d’exister et de se faire connaître. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler mais j’ai eu la chance d’être accompagné par des supers professionnels qui ont tout de suite compris ce que je voulais faire passer dans mon travail de création et ont réussi à le traduire en mots, en images, en ambiance graphique ou en photographies. Merci tout particulièrement à Alicia, Sébastien Maurer, Cornelius et Hoplie : je me rends compte chaque jour qui passe combien le travail exigeant que nous avions mené à ce moment est solide. La ligne éditoriale, les valeurs et l’histoire de Giom Von Birgitta semblent aujourd’hui bien dans leurs baskets et c’est en partie grâce à vous, votre écoute, votre créativité et votre professionnalisme.

Toujours est-il que cette année 2019 a permis de mettre en place tout celà, avec un très gros objectif en ligne de mire : la première participation au Marché de Noël de Mulhouse en fin d’année !

Honnêtement, le pari était osé et heureusement que je ne me rendais pas totalement compte de ce que ça représentait sinon je n’y serais peut-être pas allé ! Cette citation pourrait s’appliquer parfaitement à moi à ce moment-là : “Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait !” Je garde en mémoire les réactions mi-inquiètes mi-sidérées de mes collègues potiers-céramistes bretons revus à l’occasion des 10 ans de l’école Créamik en Août 2019 devant ma détermination à faire ce marché de Noël quelques mois après l’ouverture de l’atelier. Les quelques 2000 pièces à produire représentaient pour certains collègues, pourtant installés depuis quelques temps, plus que leur production annuelle, et ça leur semblait tout simplement irréalisable en moins de 4 mois.

Je ne sais pas vraiment si c’était de la naïveté ou de l’ambition… mais cette première participation était une belle réussite et un vrai bon souvenir. D’accord c’était plus qu’intense, mais quel bonheur et pouvoir partager avec vous, chaque jour et dans une ambiance féérique et parfois frénétique, ce que je concevais dans le calme de mon atelier.

Le chalet de ma première participation au Marché de Noël de Mulhouse en 2019 dans l'oeil de Bénédicte Wirth

Un autre projet ambitieux réussi grâce à vous 🙂

Rapidement s’est posée à l’atelier la question du recyclage de la terre. Encore plus avec plusieurs terres travaillées simultanément. C’est alors qu’a germé l’idée d’un financement participatif pour l’achat d’une boudineuse.

Et là encore ça a été un très chouette moment partagé, un peu stressant car ça demandait beaucoup de préparatifs et de suivi, mais très satisfaisant. Et grâce à cette dynamique qui s’est mise en place autour de moi, j’ai réussi à boucler le financement de cette fameuse boudineuse-désaéreuse dont le nom en faisait sourire plus d’un ! Et puis parallèlement, comme vous aviez choisi des pièces issues des Collections Bronze et Port-Anna, mes créations ont commencé à voyager un peu partout et à intégrer vos intérieurs. C’était bien la suite de cette belle aventure.

 

Merci à vous tous, généreux contributeurs à l'achat de la boudineuse-désaéreuse

Et puis les projets se sont enchaînés depuis et je fêterai dans quelques mois les 4 ans de l’atelier !

Alors oui, entre temps, on s’est pris une petite crise planétaire sur le coin du museau, avec tout ce que ça entraîne de remises en question, d’aléatoire et de gros changements. Mais je suis assez content d’avoir pu traverser cette période de très fortes turbulences sans trop d’encombres.

Je me suis vite rendu compte que je n’arriverai pas à avancer sereinement sur la recherche en création, la production, le suivi administratif et le développement nécessaire pour diffuser au mieux mon travail. Alors ce n’était pas une décision facile mais j’ai franchi le pas d’une embauche et depuis septembre 2020, je ne suis plus seul dans l’aventure et Sandrine est montée sur le navire. Sandrine est présente avec moi sur différents événements (évidemment sur le Marché de Noël de Mulhouse mais aussi sur des expos, des marchés ou les portes ouvertes de l’atelier) mais elle s’occupe surtout du développement. Objectif : que mes créations soient distribuées dans des boutiques de créateurs en accord avec notre philosophie et que ça puisse me permettre de me concentrer sur la création et sur la production. Si vous ne connaissez pas encore Sandrine, vous pouvez faire connaissance dans cet article de blog mis en ligne il y a quelques semaines.

Ateliers Ouverts Motoco, juillet 2021

Bon il va être temps de conclure cet article, et maintenant que je me suis lancé dans cette rétrospective, je ne sais plus où m’arrêter !

Parce que j’ai cette chance incroyable d’avoir été gâté depuis 4 ans. Gâté par vos projets et vos sollicitations, gâté par nos échanges, gâté par les personnes que je côtoie dans tout cet environnement créatif inspirant.

Alors c’est difficile mais comme je me plais à le répéter souvent : choisir, c’est renoncer ! Alors si je ne devais citer que quelques projets marquants sur lesquels j’ai eu la chance et le plaisir de travailler ces dernières années, je citerais en vrac la collaboration avec l’antenne locale du CROUS à Mulhouse pour un jardin partagé sur le campus, les commandes sur-mesure pour des restaurants comme le Petit truc en plus ou plus récemment l’Amandier, les nombreuses commandes, parfois totalement dingues, que vous m’avez confiées et dont on peut retrouver un aperçu sur la page Commandes du site, ou encore les projets nés de la collaboration avec mes voisins à Motoco dont j’admire énormément le travail : C-Mey David pour les échiquiers et Eugénie Design pour la Collection Eugénie Von Birgitta d’accessoires et de bijoux en Porcelaine de Limoges. Mais il y aurait encore tant de projets enthousiasmants à citer… n’hésitez pas à aller fouiner dans le site et dans le blog si vous n’y êtes pas allés depuis un moment : vous y trouverez régulièrement des photos des créations que je réalise.

Les toutes nouvelles boucles d'oreilles de la Collection Eugénie Von Birgitta

Bon parlons peu, parlons bien, cette fois, c’est vraiment la fin : quel bilan retenir par rapport aux objectifs d’origine ?

Et bien, sincèrement, j’étais plutôt fier de constater, lorsque j’ai eu l’idée de cet article, que les objectifs que je m’étais fixés ont tous été touchés du doigt. Et ça, c’est enthousiasmant et ça donne la patate pour la suite 🙂

Et oui : les deux premières collections sont en boutique et ont trouvé leur public. Vous pouvez maintenant trouver mes créations dans différents points de vente autour de Mulhouse (à Strasbourg, Metz, St-Dié-des-Vosges, Sélestat, Ensisheim, Guebwiller), en plus de la boutique en ligne : vous retrouvez d’ailleurs toutes les boutiques présentées sur la page d’accueil du site. Et puis même s’il a été annulé en 2020, le Marché de Noël est en train de devenir un rdv incontournable et Sandrine et moi préparons déjà celui de cette fin d’année avec une vraie impatience !

J’avais l’ambition d’approcher le secteur artistique et ça a été le cas pour plusieurs projets : la coproduction avec la Kunsthalle – Centre d’art contemporain de Mulhouse d’une partie de l’œuvre triptyque d’Elise ALLOIN ou plus récemment la participation à l’exposition collective Hop Hop Hope Ukraine avec une installation contemporaine qui questionnait notre rapport à l’utilitaire.

Et puis les recherches pour ma troisième collection ont repris et devraient aboutir, avant la fin de l’année. J’ai hâte de pouvoir vous présenter ces nouveautés et avoir vos retours. Bref, vous l’aurez compris : je ne manque ni de projets, ni d’enthousiasme à partager, ni d’énergie pour tout mettre en œuvre, et ça, c’est quand même le plus grand des bonheurs quand on s’engage dans une démarche de création.

Il me reste une seule chose à partager avec vous : purée que c’est bon d’avoir 40 ans !

Mon installation "корисність" pour l'exposition Hop Hop Hope Ukraine 2022, et mon regard mi-fier mi-heureux capturé par Sandrine
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