Clous, 1 an après

Clous, 1 an après

Par Sandrine

En juin 2019, le Crous de Strasbourg / Clous de Mulhouse (Alsace) a porté un très joli projet associant jardin partagé, Compagnons du Devoir et du Tour de France et Giom Von Birgitta. Initialement prévue en mai (mais vous savez qui a joué les trouble fêtes), l'inauguration a eu lieu le 3 octobre 2020 dans un esprit festif, qualitatif et participatif… à l'image du projet !

Nous avons interviewé l’équipe du Clous de Mulhouse pour recueillir leurs impressions, 1 an après…

Sandrine : Bonjour l’équipe du Clous ! Pouvez-vous nous expliquer les raisons pour lesquelles vous avez souhaité créer ce lieu et les objectifs recherchés ?

Bonjour la team Giom !

Ce jardin, aboutissement d’un projet multipartenarial, est né de l’envie de transformer 400 m² de pelouse en un espace de vie partagé entre résidents, riverains, passants. Chef-d’œuvre d’une aspirante Compagnons du Devoir jardinière-paysagiste, il met en perspective l’excellence, les valeurs travail et de l’apprentissage, la transmission des savoirs, le respect du développement durable, l’art et la culture, l’intergénérationnel etc..

Pouvez-vous nous décrire ce jardin partagé au moment de son inauguration ? Quelle a été la plus-value de Giom Von Birgitta ?

Il faut imaginer un espace dont l’axe est une allée principale en « S inversée » à laquelle s’accolent 3 aires de formes rondes mettant en valeur 3 techniques de terrasse différentes (terrasse pin Douglas, galets sciés, pierre naturelle). Les bordures alternent entre bois, pierres et acier corten.

Au sein de l’espace paysager, plusieurs cheminements de pas japonais permettent de flâner et d’accéder aux fraises des bois, mûriers, légumes etc. qui agrémentent un jardin gourmand. Ce sont près de 70 espèces végétales différentes réparties en 350 plantations qui ont été réparties sur les lieux.

Giom a apporté 2 choses essentielles au jardin :

– La fabrication d’ollas dont j’expliquerai l’usage un peu plus loin ;

– L’embellissement des lieux grâce à des carreaux de céramique co-designés avec des étudiants lors d’ateliers en résidence universitaire.

En vis-à-vis du jardin, une équipe de jeunes a également implanté près de 40 mètres linéaires de vignes et d’arbres fruitiers en utilisant des techniques paysagistes leur permettant d’améliorer leurs compétences professionnelles.

36 grandes jarres ont été réalisées pour assurer l'arrosage par capillarité de ce jardin

Quels étaient les usages attendus ?

Pour les ollas, il s’agit d’une technique antique d’approvisionnement en eau des plantes. Ecologiques et durables, ce sont des jarres en céramique poreuse de 2,5 à 7 L qui permettent d’éviter le stress hydrique des végétaux, l’évapotranspiration de l’arrosage traditionnel.

En résumé, une olla permet de :
– Irriguer efficacement les arbustes avec un juste dosage d’eau ;
– Réaliser une économie d’eau car on en utilise 3 fois moins qu’avec un arrosage classique ;
– Limiter voire supprimer les mauvaises herbes qui elles ne sont pas arrosées ;
– Limiter l’impact sur la nature car ce système d’irrigation est 100% biodégradable et ne nécessite pas d’entretien.

Les carreaux céramiques co-construits et co-designés lors d’ateliers en résidence universitaire répondent au désir d’informer le flâneur en lui indiquant le nom en français et en latin de la plante qu’il découvre.

Enfin, les pièges à limaces, comme le nom l’indique, ont pour objectif d’éviter que le jardin ne soit très rapidement un champ de ruines sous l’action vorace de ces résidents traditionnels du jardin. Notre hérisson solitaire ne peut pas faire face à la tâche !

Crédit Catherine Kohler (1)
Ces pièges à limaces protègent les plantes potagères. ©Catherine Kohler

Le jardin partagé est le fruit d’une collaboration. Comment l’aviez-vous imaginée ? A-t-elle évoluée au fil de la construction du projet ?

Les Compagnons et le Clous ont une approche de la démarche projet assez semblable : on détermine le cadre général de manière assez détaillée puis on y ajoute une part d’empirisme et l’inévitable aléa de chantier. Dès lors, le jardin a connu un cheminement conforme aux prévisions initiales de conceptualisation auquel ce sont ajoutées toutes les idées de ceux qui ont été motivés par cette approche multi partenariale.

La collaboration de Giom en est le parfait exemple puisqu’il s’est joint à nous alors que les premiers choix avaient déjà été effectués.

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Giom Von Birgitta ?

Le Clous a très vite envisagé que l’arrosage du jardin soit le plus écologique et économique en eau possible. C’est dans cet esprit que nous avons contacté Giom avec une commande supplémentaire : « est-ce possible de réaliser ces objets en atelier encadré avec des étudiants ? ».

En effet, Giom remplissait, selon nous, plusieurs critères essentiels :

– Sa technicité ;
– Son approche culturelle ;
– Son goût pour le pédagogique et le partage d’expérience ;
– Le partage de valeurs humanistes.

©Catherine Kohler

Le jardin partagé est une des composantes du projet. Il y a également eu des ateliers avec Giom Von Birgitta et des étudiants pour la réalisation des carreaux en céramique en lien avec les plantes du jardin. Comment est née cette envie ?

Techniquement, la fabrication des ollas en atelier était trop compliquée.
Giom a proposé l’alternative des carreaux de céramique à laquelle nous avons adhéré immédiatement. Néanmoins, nous avons tenu à faire aboutir l’ambition des ollas. Il a ainsi pu mener de front, mise en œuvre des jarres et ateliers qui ont réuni près d’une trentaine d’étudiants de divers horizons culturels, géographiques, pédagogiques etc..

De mémoire, il y a eu un vrai engouement pour ces ateliers…

Oui, une vraie réussite et le résultat a été bluffant. Chacun est venu avec son histoire, sa culture, ses compétences techniques et/ou artistiques et a donné libre cours à ce qui le traversait. Provençale, l’aspirante Compagnons, a ensuite implanté elle-même chaque objet fabriqué afin qu’il soit en cohérence avec son œuvre.

Ces carreaux décorés ont été réalisés en grande partie lors d'ateliers participatifs avec des étudiants. Chaque carreau indique une espèce végétale par son nom latin et français.

Cela fait maintenant 1 an que le jardin vit. Qu’est-il devenu ? Remplit-il ses objectifs ? y a-t-il d’autres usages qui se sont développés ?

Le jardin se porte excellemment bien. Il dépasse même les ambitions de sa conceptrice. Aujourd’hui, des publics variés viennent découvrir les lieux, procéder à des cueillettes de fruits ou de légumes. Mieux, le lieu a fait naître de nouveaux projets auprès de jeunes qui ont souhaité s’inspirer du projet initial.

Il semblerait que vous avez poursuivi dans cette voie. Avez-vous de nouveaux projets en tête ?

En juillet, le chapitre 2 de ce tiers-lieu va débuter à l’avant de la résidence.
On ne change pas une équipe qui gagne : tous ceux qui avaient participé à la première aventure ont été sollicités et ont répondu positivement à l’appel. Les réflexions sont en cours, je ne pourrai pas en indiquer beaucoup plus pour favoriser la curiosité et la surprise. La philosophie générale de la genèse du multipartenariat restera bien évidemment notre boussole.

Tous nos remerciements à Sylvain BOUFFAY, Directeur, et à toute la sympathique et dynamique équipe du Clous de Mulhouse !

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