La céramique, plus solide qu’elle n’y paraît !

La céramique, plus solide qu'elle n'y paraît !

PAR SANDRINE

ou quand on vous dit que vous pouvez l'utiliser !

Pour débuter, un peu de technique…

Qu’est-ce qui fait la solidité (ou non) de la céramique ?

C’est en grande partie la température de cuisson !

Petit rappel pour ceux qui n’auraient pas tout suivi. En céramique, il y a 2 voire 3 cuissons. Intéressons-nous plus particulièrement à la technique employée par Giom. La première cuisson, à 980°, permet d’éliminer les impuretés et l’eau. Les minéraux, les minerais, les oxydes de métaux reconstituent ainsi une “nouvelle” roche, c’est cela la céramique, de la terre cuite. L’émail est appliqué à ce stade. Puis vient la deuxième cuisson, à haute température, à 1260°, pour fixer tout cela et donner à la céramique sa solidité… entre autres, car cela ouvre aussi d’autres perspectives notamment au niveau du travail des émaux, mais c’est un autre sujet ! Enfin, si Giom décide d’appliquer de l’or fin par exemple, une troisième cuisson, aux alentours de 800°, sera alors nécessaire.

Des "dégourdis" sont sortis poreux de leur première cuisson et ont été émaillés : ils sont prêts ici pour la seconde cuisson à haute température.

Petite diversion…

Le cas des ollas

L’olla, vous savez, c’est cette jarre qui révolutionne (pour une invention datant d’environ 4 000 ans, c’est assez cocasse de parler de révolution😉), l’arrosage des plantes. Je ne vais pas trop m’attarder sur les multiples vertus de l’olla, nous avons déjà publié un article expliquant le principe de cette petite merveille (l’essayer, c’est l’adopter).

Pour en revenir aux températures de cuisson, l’olla est cuite, en une cuisson et en raison du choix de la terre utilisée, à 1200°. Pourquoi cette température ? C’est le bon compromis entre la faire gagner en solidité tout en conservant la porosité de la terre (ni trop ni trop peu) avant qu’elle ne se “ferme”, c’est-à-dire qu’elle ne devienne étanche… exactement ce qu’on recherche pour une olla !

De la porosité, il en faut pour voir s’épanouir nos plantes et de la solidité, eh bien, je ne suis pas physicienne mais tout de même, quand j’enterre mes ollas dans le potager, je me dis qu’elle doit quand même être sacrément résistante entre la pression de la terre autour d’elle et de l’eau dedans elle !

Des ollas, il en existent de toute taille, jusqu'à 5 voire 10 litres pour le potager !

Toujours pas convaincu(e)s ?

 Voici d’autres exemples implacables !

La céramique traverse les siècles : on retrouve encore des pièces entière ou des tessons de céramiques lors de fouilles archéologiques… Les carreaux pour une crédence de cuisine sont faits en…. céramique ! Le carrelage, y compris pour l’extérieur ? En céramique ! Des prothèses dentaires ? En céramique ! Des baignoires ou des lavabos ? Encore en céramique ! Des microcomposants pour l’industrie de précision, l’aéronautique ou l’horlogerie ? Encore et toujours en céramique ! Il existe même du mobilier urbain et des choses encore plus incroyables… Mais nous, nous nous contentons de constater la solidité de nos pièces en les trimballant de marchés en salons, ou en les expédiant même par colis postal !
Il nous est arrivé de laisser tomber une tasse ou de manquer d’un peu de douceur en manipulant nos pièces (ce n’est pas de la maladresse, hein Giom ?), sans conséquence. Bon, je ne vous invite pas à le faire, on s’est tout de même aperçu que cela ne fonctionnait pas à tous les coups ! 😉
Encore un (dernier) argument et non des moindres, les collections Port-Anna et Bronze peuvent être mises au micro-ondes et au lave-vaisselle.

Et si malgré vos précautions, une pièce venait à se blesser, il est tout à fait possible que Giom Von Birgitta, dans son atelier, en Alsace, la refasse pour vous !

On peut même jouer aux échecs avec des pièces en céramique (ici de la porcelaine de Limoges) ! Premier échiquier d'une série de pièces uniques réalisées en collaboration avec C-Mey David pour le plateau

Servez-vous en !

Giom a conçu ses collections pour les partager, il a voulu que nous nous en emparions, qu’on les fasse nôtres, qu’on les savoure avec les yeux mais également avec les mains.

De l’art au quotidien, qu’on se réserve pour des tables de fête, pour des occasions, qu’il nous accompagne tous les jours ou qu’il devienne objet fétiche !
Et qu’importe au final, cette égratignure, cette ébréchure, ce petit bout qui manque raconte aussi notre histoire avec cet objet.

Il y a bien un truc quand même ?

Ah oui, c’est vrai ! La céramique n’apprécie pas trop les chocs thermiques (du chaud avec du froid), être entrechoquée ou passée au four…

Moment d'exception à partager !

Petite diversion sur l’utilité des choses…

“корисність”
Utilitaire en ukrainien.

Giom a proposé cette installation pour l’exposition “Hop hop Hope Ukraine”, les 14 et 15 mai dernier.

Son travail s’articule autour de l’utilitaire. Pourtant, en pénétrant dans l’atelier, nombreux sont les visiteurs qui s’intéressent aux pièces cassées ou remisées.

Hôpitaux en état de fonctionnement mais sans personnel… voitures intactes mais routes détruites. matières premières prêtes à l’exportation mais ports de commerce impraticables…. La guerre, en Ukraine comme ailleurs, rend l’utilitaire inutile, l’essentiel d’hier superflu, le nécessaire d’avant accessoire, brouille les lignes entre logique et absurde.
Cette installation “корисність” veut poser un regard attentif sur la fragilité et l’impermanence de l’utilité des objets.

Cette exposition m’a bouleversée et je souhaite rendre hommage ici aux artistes, dont Giom, qui arrivent à exprimer ce que l’on tente parfois d’enfouir au plus profond de nous-mêmes.

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